Majestueux félins, les lynx sont facilement reconnaissables à leur fourrure tachetée, leurs oreilles ornées de « pinceaux » noirs et leurs « favoris ». Tapis dans les forêts d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie de l’Ouest, ils partagent leur terrain de chasse avec les plus grands prédateurs de l’hémisphère nord. Le lynx est l’un des félins les plus largement répandus. Prédateur hors pair, le lynx chasse surtout le matin et à la tombée du jour. Carnivore, le lynx s’attaque principalement aux ongulés comme les chevreuils mais se nourrit aussi d’autres petites proies comme les lièvres, les oiseaux, les chats sauvages ou les sangliers. Il ne s’en prend que très rarement au bétail. Les lynx ont une excellente vue, même dans l’obscurité la plus totale, et leur ouïe est très développée. Il existe quatre espèces de lynx dans le monde : le lynx du Canada, le lynx roux, le lynx boréal (ou eurasien) et le lynx ibérique (ou boréal). Les deux premières vivent en Amérique du Nord et les deux dernières en Europe. Le lynx boréal vit dans le nord de l’Europe (dans les Carpates) et en Asie, tandis que le lynx ibérique ne vit qu'en Espagne et au Portugal.
Le retour du lynx
Au début des années 1970, depuis la Suisse toute proche où une vingtaine de lynx a été relâchée, l’espèce fait son retour sur le versant français du Jura. Dès lors, elle va progressivement coloniser l’ensemble des secteurs forestiers favorables du massif du Jura. La réintroduction du lynx dans les Vosges débute en 1983. En 10 ans, 21 lynx, provenant en grande partie des Carpates slovaques, ont été relâchés dans les Vosges du Sud. Sur ces 21 lynx réintroduits, seule une dizaine de lynx ont pu participer réellement à la constitution d’une population ; les autres sont morts rapidement ou ont disparu de façon suspecte. Dans les Alpes Occidentales, près d’une quinzaine de lynx ont été lâchés en Suisse de 1970 à 1976. En France, une première donnée est collectée en Isère en 1976. Les premiers indices sérieux de sa présence datent du début 1980.
Menaces
Si le lynx est une espèce menacée aujourd’hui, il existe plusieurs explications à cela : Bien que le lynx puisse chasser des petits animaux tels les rongeurs et les perdrix, le lapin sauvage reste néanmoins la proie principale du fauve. Il compose plus de 90 % de l’alimentation du félin. Cette proie privilégiée a été victime de deux grosses maladies qui ont causées une forte baisse du nombre de lapins sauvages. Dans les années 60, la myxomatose fut inoculée aux lapins pour contrôler leur population mais elle les décima de manière foudroyante. Puis dans les années 90, c’est la maladie hémorragique virale du lapin qui toucha à nouveau la population l’amenant à son niveau le plus bas. Malgré l’interdiction de la chasse, le braconnage reste une menace importante pour les lynx. L’espace vital du lynx boréal s’est restreint dans le temps. Les activités humaines sont les coupables de cette restriction. En effet, l’essor des constructions et le développement de l’agriculture intensive ont modifié leur habitat.
• En savoir plus : En quelques chiffres : le lynx d’Espagne pèse entre 9 et 13 kilogrammes. Il mesure entre 85 et 110 centimètres de long, tandis qu’il mesure entre 42 et 47 centimètres au garrot. Globalement, le mâle est un peu plus gros et plus grand que la femelle. Le lynx boréal est deux fois plus petit que le lynx boréal que l’on retrouve dans le nord de l’Europe. Il a pour caractéristique d’avoir une queue plus tachetée et bien plus courte que son proche cousin. En outre, il possède une touffe de poil au niveau des oreilles qui l’aide à la localisation sonore dans son environnement. Un collier de poils entoure son cou, ce collier se rabat ou se déploie selon son humeur, il lui permet donc de communiquer ses émotions. Globalement, et comparé à l’homme, le lynx a des sens très aiguisés, surtout ses yeux 6 fois plus performants que l’œil humain.
Effort de conservation
Heureusement, les démarches entreprises afin d’éviter l’extinction de cette espèce menacée sont nombreuses et variées. Celles-ci s’orientent autour de deux grands axes qui sont, la réintroduction et la conservation d’animaux en milieu sauvage (via l’augmentation de la population et l’aménagement du territoire où les lynx seront réintroduits), et la sensibilisation de la population et des pouvoirs politiques. Pour ce qui est de la sensibilisation, celle-ci se déroule plutôt bien. En effet, le projet de sauvegarde des lynx boréal est un projet couteux, presque 26 millions d’euros. Il est soutenu au niveau national et européen. L’union européenne finance presque 10 millions d’euros sur ce projet de sauvegarde. Le chef de ce projet, Miguel Angel SIMON, travaille avec ses équipes à la réintroduction des lynx d’Espagne sur des terres privées en tissant des liens avec les habitants à de nombreuses occasions. Il n’oublie pas de rappeler qu’il ne faut pas chasser l’animal, et qu’il est du devoir de tous de faire un geste pour que les lynx se réapproprient des territoires. Néanmoins, la réintroduction et la conservation de l’espèce ne peut se faire sans appliquer le même traitement aux lapins sauvages. En effet, il faut qu’ils soient assez nombreux sur le territoire des lynx car les félins doivent avoir de quoi se nourrir sans pour autant exterminer les rongeurs. L’idéal se situe autour de 5 à 6 lapins sauvages par hectare pour que le territoire soit viable.
• Statut de conservation fragile : Outre les accidents routiers, il est actuellement difficile de connaître les impacts relatifs aux autres - et nombreuses - causes de disparition. Tir accidentel d’un individu au cours de battues de chasse, maladies, mais aussi braconnage sont importants mais le nombre de victimes reste très difficile à estimer car on ne retrouve pas toujours les carcasses pour les expertiser. Il est vrai que le lynx n’a pas que des amis. Les chasseurs le considèrent souvent comme un concurrent, car il se nourrit beaucoup d'ongulés.