Bien qu’encore assez largement répandue en France, la Noctule commune est l’une des chauves-souris dont la situation est la plus préoccupante à long terme. Le développement de la production d’énergie éolienne a particulièrement affecté cette espèce migratrice de haut vol, victime de collisions avec les pales des machines. Dans tous les pays, elle figure dans le trio des espèces les plus touchées par cette industrie en pleine expansion. En milieu urbain, elle colonise les parties hautes des immeubles et se trouve confrontée à la mise en œuvre des mesures d'isolation du « Plan climat » : elle risque d’une part d'être emmurée lors des travaux et d’autre part de voir les gîtes qu’elle occupe disparaître progressivement des villes. Elle est aussi menacée par l’abattage d’arbres en zone urbaine et ponctuellement par les travaux de rénovation des châteaux d’eau. Autre menace nouvelle, avec le développement des poêles à bois et des inserts, les conduits de chauffage devant être tubés transforment les installations en pièges potentiels pour les chauves-souris, ce qui affecte particulièrement cette espèce. Le déclin des effectifs de la Noctule commune s’est significativement accru au cours des dernières années Identifiée en catégorie “Quasi menacée” lors de la précédente évaluation, l’espèce est désormais classée “Vulnérable” suite à la réactualisation de son statut dans la Liste rouge nationale. La mise en place d'actions de conservation et d'un suivi vigilant de l'évolution de ses populations dans les années à venir est indispensable.
Chauves-souris en danger
Le monde abrite plus de 950 espèces de chauves-souris, la Lorraine une vingtaine et le Saintois une dizaine. Parmi elles, le Petit rhinolophe. Disparue des Pays-Bas, du Luxembourg et d'une partie de l'Allemagne, cette espèce comptabilise aujourd'hui en Lorraine environ 2000 individus contre 50 000 dans les années 50. Dernier maillon d'une chaîne alimentaire, Les chauves-souris s'avèrent très sensibles aux modifications de leur environnement engendrées par notre société moderne. Produits toxiques, usage généralisé des pesticides, remembrements, accès aux gîtes supprimés, réveil durant leur hibernation, vandalisme... les causes de disparition, nombreuses, expliquent le déclin. Côtes de Toul, Grand couronné près de Custines, côtes de Delme, seuls quelques sites lorrains abritent encore des colonies de Petits rhinolophes et 80 % de l'effectif se situe dans le Saintois. En effet, la colline de Sion constitue un environnement exceptionnel pour la survie de cette espèce et reste, LE, lieu pouvant, à terme, permettre une recolonisation du nord-ouest de l'Europe. Terrain de chasse favorable, son paysage structuré avec des vergers, des haies et des terres faiblement traitées permet aux Petits rhinolophes de se déplacer et trouver sa nourriture.
• Grande noctule est mal connue : Représentant la plus grande espèce de chauve-souris présente en Europe, la Grande noctule est encore mal connue et très peu observée vivante dans son milieu naturel. Bien qu’elle soit répartie sur une grande moitié sud du pays, elle se révèle aujourd’hui rare en France. Autrefois confondue avec la Noctule commune, plus petite, des mystères demeurent sur son comportement et ses effectifs réels. Une étude espagnole a toutefois montré que la Grande noctule était capable de capturer des oiseaux en plein vol pendant sa période de migration nocturne et de les consommer sans se poser, ce qui en fait la seule chauve-souris européenne dotée de cette aptitude. Etant donné que l’espèce vit dans les cavités des arbres creux, l’altération du milieu et la disparition des boisements mâtures, donc de ses gîtes potentiels, affectent ses populations. Une gestion des espaces forestiers est donc indispensable au maintien des populations existantes.
Crépuscule des chauves-souris
Dans l’Hexagone, les chiroptères, mis en vedette par les associations cette nuit, sont toujours menacés de déclin en raison des activités humaines. Une situation qui illustre la mauvaise santé de la biodiversité métropolitaine. Il y a de plus en plus d'espèces en voie d'extinction en France. Les chauves-souris n'échappent pas à cette tendance. 30% des chauves-souris de France sont menacées d'extinction. Les plus touchées par ce phénomène sont les Barbastelles d'Europe (Barbastella barbastellus) et les grands Rhinolophes (Rhinolophus ferrumequinum). Les causes de cette disparition progressive sont diverses : écrasées par des voitures, mangées par des chats, tuées par le simple mouvement de l'éolienne qui endommage les organes internes avec le déplacement d'air. La liste ne s'arrête pas là : pesticides avalés avec leurs proies, les charpentes des maisons où elles pouvaient s'abriter avant font place à de nouveaux bâtiments bien clos aux façades lisses et à l'absence de recoin où loger le jour, enfin, les arbres creux et cavernes se font de plus en plus rares, ne leur laissant pas de logis sûr pour l'hibernation.
• Déclin des espèces les plus communes : Car ce déclin des populations, que l’on pensait pouvoir résorber, n’est vraisemblablement pas enrayé. Et les spécialistes ne s’y trompent guère, jugeant la situation française, où les chiroptères bénéficient pourtant du statut d’espèces protégées depuis 1976, «préoccupante» pour l’ensemble des espèces bien que «paradoxale». «Depuis une vingtaine d’années, on a (re)gagné des espèces. Toutes les cavernicoles, qui représentent un tiers des espèces, ont par exemple vu leurs populations augmenter de 12%.
• Insecticides, urbanisation et pollution lumineuse : Comment expliquer cette tendance au déclin, synonyme de mauvaise santé de la biodiversité ? A l’instar des invertébrés, des amphibiens, des oiseaux, et de bon nombre de mammifères hexagonaux, les chiroptères pâtissent très fortement des activités humaines qui détruisent leur habitat et leurs sources nourritures. « En France, il y a un vrai problème du territoire respectueux de la biodiversité. Cela se traduit par des taux de mortalité important.» Ajoutons l’usage des insecticides dont l’interdiction qu’en 2018.