Le lézard du val d’Aran est un petit reptile : son corps mesure entre 4,5 et 6,6 cm (on parle de « longueur museau-cloaque ») et sa queue se déroule sur environ deux fois cette taille. La couleur de sa robe peut varier du grisâtre au marron foncé en passant par le beige ou le brun. Contrairement à certaines espèces avec qui il partage son territoire, comme le lézard des murailles (Podarcis muralis), son dos ne montre aucune ligne sombre longeant la colonne vertébrale ; en revanche, sur ses flancs se dessinent de grandes bandes allant du brun au noir. Ces dernières sont par ailleurs souvent ornées d’éclats métalliques de couleur or, platine ou bronze, et de discrètes taches d’un bleu pâle peuvent également apparaître sur les écailles ventrales externes. Son ventre est quant à lui uniformément blanc avec une tendance rare à tirer vers le jaune pâle. L’une des différences morphologiques fondamentales entre le lézard du val d’Aran et le lézard des murailles est le contact entre l’écaille du museau et l’écaille dite internasale. En effet, dans le cas de l’Iberolacerta aranica, la jonction entre les écailles se fait sur le museau alors que dans le cas du lézard des murailles, cette jonction est latérale. Il est possible d’identifier un membre du genre Iberolacerta.
Menaces sur le reptile
Le lézard du val d’Aran affectionne les hautes altitudes et dispose d’une aire de répartition très restreinte. En conséquence, il est particulièrement menacé par le réchauffement climatique et le développement des activités humaines. Tous les randonneurs le savent : une augmentation de 100 mètres en altitude entraîne une diminution d’environ 1°C de la température de l’air. Si ce petit adage n’est qu’une approximation (la réalité avoisine davantage 0,6 ou 0,7°C pour 100 mètres), il met en lumière un phénomène qui touche l’ensemble des écosystèmes montagnards, avec pour effet direct la création d’un « étagement » de la végétation. Grossièrement, cela signifie que les forêts disparaissent presque systématiquement à environ 2000 mètres d’altitude. A partir de 3000 mètres, le paysage se transforme à nouveau et il ne subsiste qu’un environnement rocailleux.
• Réchauffement climatique : Parce que le lézard du val d’Aran ne peut être aperçu qu’à des altitudes élevées, il est particulièrement vulnérable aux hausses de températures qui s’annoncent durant le siècle à venir. L’étage alpin pourrait être bouleversé : les scientifiques s’attendent à un déplacement de la végétation allant de 200 mètres à 500 mètres. Or, dans l’aire de répartition d’Iberolacerta aranica, le pic de Mauberré atteint 2880 mètres, le pic de Crabère plafonne à 2630 mètres, le mont Valier culmine à 2838 mètres… Il est donc facile de comprendre que le domaine alpin, où vit le lézard du val d’Aran, va se réduire plutôt que se déplacer : selon le plan national d’actions en vigueur, « certaines populations sont déjà isolées au sommet de massifs peu élevés, à domaine alpin pratiquement nul, et devraient rapidement s’éteindre. ». Par ailleurs, ces modifications pourraient apparaître en l’espace de quelques décennies, ce qui est extrêmement court à l’échelle de l’évolution.
Un Plan National d’Actions
Jusqu’à récemment, il était difficile d’établir un plan de sauvegarde efficace concernant le lézard du val d’Aran, au moins du côté nord des Pyrénées. Les populations françaises étaient en effet très peu étudiées, voire tout simplement inconnues : en 2000, une unique population du lézard du val d’Aran était recensée en France. Au cours des dix étés suivants, de nombreuses recherches ont été menées par plusieurs organismes : l’association Nature Midi-Pyrénées, le laboratoire de biogéographie et écologie des vertébrés de l’EPHE et l’Association des Naturalistes d’Ariège (ANA), parmi d’autres, ont travaillé de concert afin de répertorier toutes les populations, la diversité génétique de l’espèce, les habitats potentiels… Les résultats ont permis la création d’un Plan national d’actions s’étalant de 2013 à 2017. Plusieurs grands axes sont donnés comme : Poursuivre l’inventaire des populations afin de connaître parfaitement la répartition de l’espèce ; Etablir la liste des habitats potentiels à étudier ; Suivre la démographie des colonies identifiées ; Etudier l’éventuelle remontée des zones de présence ; Evaluer la structuration génétique de l’espèce. Ces connaissances sont évidemment partagées avec les acteurs espagnols de la protection de la biodiversité ; elles fournissent un socle scientifique aux études concernant les constructions humaines et la sensibilisation du grand public.
Localisation et habitat
Située en Europe, la chaîne de montagnes des Pyrénées forme une frontière naturelle entre la France et l’Espagne. L’aire de répartition d’Iberolacerta aranica se limite à une dizaine de massifs situés entre le cap de la Pique et le cap Ner. L’intégralité de son territoire peut ainsi être recouverte par un rectangle de 26 km par 18 km de côté. Grâce aux nombreuses recherches qui ont été organisées à partir des années 2000, on sait aujourd’hui qu’au moins la moitié des populations du lézard du val d’Aran vit sur le versant nord des Pyrénées, ce qui donne à la France une grande responsabilité dans la conversation de cette espèce. Habitat du lézard du val d'AranIberolacerta aranica évolue principalement aux étages dits « subalpin » et « alpin », soit entre 2000 et 2600 mètres d’altitude. Les arbres disparaissent alors et laissent la place à un habitat que ce reptile affectionne tout particulièrement : des affleurements rocheux au cœur de prairies. Bien que cela soit plus rare, il peut également être aperçu à une altitude inférieure, principalement du côté français de la frontière pyrénéenne : une vingtaine de colonies y évolue entre 1650 et 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer, et une petite population a même été observée récemment à 1426 mètres.