S’il ressemble au lézard des murailles, le lézard de Bonnal n’a pas la même vie que son cousin des plaines. A son encontre, c’est un montagnard. L’espèce vit à l’étage alpin des Pyrénées, en haute et moyenne altitude. L'homme ne la connaît que depuis 1922, année où elle fut découverte par Jean-Louis Bonnal sur les rives du lac Bleu de Bigorre. C’est une espèce endémique du pic du Midi d’Ossau dans les Pyrénées-Atlantiques au massif des Encantats dans la province de Lleida en Catalogne. Si la plupart des populations de ce petit lézard vit au-dessus de 2000 mètres, certaines prennent plus ou moins d’autres hauteurs. « Nous en trouvons au cirque de Gavarnie à 1550 mètres, mais ces populations restent anecdotiques. » Certains lézards de Bonnal ne s’effraient pas de franchir les 3000 mètres d’altitude. Ils se débrouillent pour ne point y geler. En fait l’hiver, les lézards pyrénéens hibernent. Entre six et sept mois d’ailleurs pour échapper aux températures glaciales, ils font le gros dos sous quelques mètres de neige qui les protègent du gel. Comme les autres reptiles, les batraciens ou les poissons, les lézards sont des animaux ectothermes ou plus simplement à sang froid. Leur température corporelle dépendent de la température extérieure.
Le réchauffement climatique menace
Comme le lézard du Val d’Aran et le lézard d’Aurelio, le lézard de Bonnal est une espèce à part entière. Toutes trois endémiques donc des Pyrénées, elles ne vivent nulle part ailleurs. Et toutes trois sont menacées. « D’abord par le réchauffement climatique global, se désole Gilles Pottier. Ces trois espèces sont apparues voilà quatre millions d’années environ. Elles ont déjà supporté des changements climatiques mais ces changements n’ont pas été aussi rapides que celui que nous connaissons aujourd’hui. » Pour échapper au réchauffement actuel de leurs habitats, certains lézards remontent. Jusqu’à se retrouver coincés à des sommets comme celui du Pic de Montaigu. Or si les animaux grimpent vers de plus hautes altitudes, la végétation aussi et le domaine alpin tend à disparaître. Trop vite peut-être pour que les lézards pyrénéens aient le temps de s’adapter à un nouvel écosystème. Les spécialistes craignent à terme leur extinction. Sans oublier que le réchauffement climatique va entraîner une pression plus importante des prédations et des agents pathogènes. : « Le lézard de Bonnal a une longue espérance de vie : jusqu’à 17 ans pour certains. Parce qu’il vit dans un milieu alpin où la prédation et les agents pathogènes sont supportables. Les Pyrénées abritent trois espèces de lézards que le réchauffement climatique global met en péril. Menacées d'extinction, elles sont sujets d'un plan d'actions.
• Menaces face au changement climatique : Selon les scientifiques, l’augmentation des températures sur le territoire français, en moins d’un siècle, est colossale. Cette rapide élévation des températures, rend peu probable la réponse adaptative par sélection naturelle du Lézard de Bonnal. De plus, des études récentes laissent penser qu’il y aurait une compétition interspécifique entre le Lézard des murailles et le Lézard de Bonnal (Pottier, 2007 ; Monasterio et al., 2010). Le réchauffement climatique entrainerait des conditions plus favorables en milieu subalpin et alpin pour le Lézard des murailles, dont l’augmentation démographique permettrait de coloniser les habitats.
• Un plan national d'actions : Enfin une autre menace plane sur les trois espèces pyrénéennes : la modification ou la destruction de leurs habitats liés aux activités humaines : routes ou pistes, urbanisation... Aussi pour conjurer ces mauvaises fortunes, la France concocte un plan national d’actions pour assurer la survie des trois espèces de lézards pyrénéens. Le projet de ce plan a été soumis à une consultation publique du 15 juillet au 15 septembre derniers. « Il devrait être finalisé d’ici le début de l’année prochaine, estime Jacques Hyppolite de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) Midi-Pyrénées qui pilote ce plan « Contrairement à d’autres espèces, les lézards pyrénéens sont sédentaires. Ils ne se déplacent pas. Leurs populations restent isolées entre deux vallons rappelle Gilles Pottier.
Sauver le lézard de Bonnal
Pour préserver une espèce de lézard que l'on ne trouve que dans les Pyrénées, EDF met en place un système de protection de l'animal lors les travaux d'entretien du barrage d'Aubert dans le Néouvielle. Les reptiles rares sont capturés au début des travaux, puis relâchés. Plus de 2000 m d'altitude, dans la réserve du Néouvielle, les travaux d'entretien et de rénovation du barrage d'Aubert prennent en considération la présence du lézard de Bonnal, une espèce rare, pour éviter de les détruire. Depuis 1932, le lézard de Bonnal avait colonisé le barrage. Aujourd'hui, l'association Nature Midi-Pyrénées capture le plus de lézards possible et les relâche plus loin sur un éboulis à la demande d'EDF et suivant les préconiserions du Parc National des Pyrénées. Lorsque les travaux seront terminés, il faudra re-capturer tous les lézards pour les remettre à leur place sur les pierres du barrage. Le Lézard de Bonnal est endémique de l’étage alpin de la partie Centro-occidentale des Pyrénées (Espagne / France). Son aire de répartition s’étend, d’ouest en est, du massif du pic du Midi d’Ossau (Pyrénées-Atlantiques) au massif des Encantats.
• Au Grand Tourmalet : Les travaux de la piste « panoramique » sont suspendus au Grand Tourmalet. Le lézard de Bonnal, un reptile pyrénéen et protégé, est installé sur les pentes de la future piste de ski. Avant d’y envoyer les pelleteuses, les spécimens sont capturés et déplacés quelques mètres plus loin. Les skieurs devront attendre au moins une année supplémentaire avant de pouvoir profiter de la nouvelle piste « panoramique » du Grand Tourmalet. Le responsable de ce retard est le lézard de Bonnal, un petit reptile à la robe verte qui vit sur les pentes herbeuses du domaine skiable. Cette espèce est unique et elle vit dans les Pyrénées. Les gestionnaires ont préféré reporter le traçage.