Espèce emblématique de la région méditerranéenne, l’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) est le rapace le plus menacé de France. La population nationale comprenait, en 2013, 30 couples répartis sur sept départements du pourtour méditerranéen, pour une population mondiale estimée à environ 10 000 couples. Compte tenu de sa faible population, l’aigle de Bonelli est une espèce vulnérable à diverses sources de menaces. Outre les maladies propres à cette espèce, on citera ainsi les risques d’électrocution sur les lignes électriques, l’évolution des paysages constituant son habitat naturel, ainsi que les persécutions de l’homme, causées notamment par les tirs, le piégeage et l’empoisonnement. Il est également intéressant d’observer que les nouvelles sources d’énergie renouvelable, que sont les champs éoliens et photovoltaïques constituent des menaces nouvelles pour la préservation de cette espèce. Après avoir fait un rapide rappel des mesures de protection s’appliquant à l’aigle de Bonelli, nous verrons que des décisions de justice récentes ont permis de faire prévaloir sa protection ainsi que la préservation de son habitat naturel sur des projets de parcs éoliens et solaires. Il existe actuellement 12 zones importantes pour la conservation des oiseaux (dites ZICO), concernant l’aigle de Bonelli en France, dont cinq ont été désignées comme zones de protection spéciale, en 1999. L’aigle de Bonelli fait également l’objet d’un plan national d’action, renouvelé pour la période 2014-2023, placé sous la coordination de la DREAL Languedoc-Roussillon. La préservation de la population française d’aigles de Bonelli passe par la connaissance de l’espèce et le suivi des individus, mais aussi par la surveillance des aires de nidification et le renforcement des populations d’espèces proies, en concordance avec les objectifs du Plan d’Action.
Un exemple de sauvegarde d’une espèce
Pour observer l’aigle de Bonelli, il faut se rendre dans les pays méditerranéens… et avoir beaucoup de chance. Car l’espère a hélas connu un déclin fulgurant et figure sur la triste liste des espèces animales vulnérables dressées par l’UICN. Heureusement, des programmes acharnés de sauvetage semblent enfin porter leurs fruits… Même s’il demeure en danger critique d’extinction, l’aigle de Bonelli paraît mieux se porter d’année en année, grâce à un programme de réintroduction mené par la Ligue pour la Protection des Oiseaux et l’Espagne, soutenu par l’Union Européenne. Depuis 2011, le Centre de Reproduction UFCS-LPO Vendée mène une lutte acharnée pour protéger l’aigle de Bonelli en proposant à notre voisin ibérique des aiglons nés en captivité. Entre 2013 et 2017, l’Europe a apporté un soutien financier non-négligeable au programme de soutien LIFE Bonelli, dont l’objectif était de renforcer les populations espagnoles. Le programme a permis la naissance de 92 aiglons.
• Relâchés : Tous ces rapaces ont ensuite été relâchés dans diverses régions de la Péninsule ibérique comme Majorque, Castille ou encore Navarre. À Majorque, qui n’avait plus vu d’aigle de Bonelli depuis un demi-siècle, on compte désormais 27 individus et 7 couples établis. Puis vint un second programme de conservation, appelé Aquila a-LIFE. Lancé en janvier 2018, il a étendu la préservation de l’aigle de Bonelli jusqu’à la Sardaigne et a décidé d’agir au niveau des pylônes électriques, une des premières explications à la mortalité du grand oiseau de proie.
• Cerle cvertueux : Grâce à cette action, 477 pylônes ont été neutralisés pour la sécurité de l’oiseau… et pour d’autres ! En effet, des grands rapaces comme l’aigle botté ou l’aigle royal souffrent également grandement des collisions avec ces installations électriques. La LPO peut donc se sentir fière de cette encourageante campagne de réintroduction ! Elle poursuit ses efforts en compagnie de l’UFCS-LPO Vendée et met un point d’honneur à suivre précisément les jeunes aigles réintroduits. Depuis quarante ans, ce centre de sauvegarde de la faune sauvage situé en Vendée a vu la naissance de 70 jeunes aiglons, dont 59 ont pu être élevés. Des chiffres particulièrement encourageants pour cette espèce de rapace à la reproduction très lente : ces oiseaux de proie ne pondent que deux œufs par an ! Or, en captivité, les aigles de Bonelli réalisent généralement deux nichées. L’espoir est-il permis pour l’aigle de Bonelli ? Les résultats sont pour le moins encourageants. Les jeunes sont en effet élevés en imitant la nature, les rapports avec l’homme minimisés chaque prise d’indépendance est une véritable bénédiction..
Menacé par l'activité humaine
L’aigle de Bonelli est en danger. Ce rapace aux puissantes serres, au bec crochu et au plumage brun et blanc, qui emprunte son nom à l’ornithologue italien qui l’a découvert en 1845, vit dans les falaises du sud de la France, depuis près de 200.000 ans. Trente-trois couples seulement sont recensés en France, contre 80 dans les années 1960, pour une population mondiale estimée à 20.000 représentants.
• De nombreuses menaces : L’oiseau a notamment ses habitudes du côté de Sainte-Anastasie, dans le Gard, où la réserve de biosphère des Gorges du Gardon en abrite six. « Une concentration exceptionnelle », se réjouit l’ornithologue Guillaume Fréchet, qui œuvre à sa conservation sur le site. Ici, un programme de suivi s’appuyant sur des balises posées sur les oiseaux, a été mis en place depuis cinq ans. Les données collectées pour mieux le protéger. Parmi les menaces qui guettent ces aigles, sur les lignes électriques, principale cause de mortalité.
• Un oiseau « intolérable au changement » : L’activité humaine n’y est pas pour rien non plus, l’espèce étant particulièrement « intolérante au dérangement », note l’ornithologue gardois. Selon Marie-Pierre Puech, vétérinaire et responsable de l’Hôpital de la faune sauvage Garrigues-Cévennes, à Ganges (Hérault), les activités de loisirs comme « les aires d’escalade, le parapente, le vol à voile » ou même les curieux qui prennent des photos sont prompts à déranger la vie des aigles de Bonelli. Il y a tout de même quelques raisons d’espérer...