Le Vautour moine (Aegypius monachus) appartient à la famille des Accipitridés c’est le plus grand rapace diurne d’Europe. Il possède des ailes très longues et très larges fortement digitées. Dans tous les plumages, le Vautour moine a une coloration très sombre, paraissant à distance brun foncé chez l’adulte et noir chez les juvéniles. La tête est petite avec un gros bec brun-noir. La queue est courte, environ la moitié de la largeur de l’aile, souvent cunéiforme. Les couvertures sous-alaires sont non uniformément sombres, avec certaines couvertures petites et moyennes brun gris plus clair. La collerette et la tête sont bruns clair chez l’adulte et noirâtres chez les jeunes. Le Vautour moine pratique souvent le vol plané circulaire. En vol plané direct, les ailes sont fortement rabattues et les mains plus ou moins inclinées vers le bas. En vol battu, les mouvements d’ailes sont amples et lents. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel évident le mâle étant très légèrement plus petit que la femelle. Les dérangements aux abords des aires peuvent parfois provoquer l’abandon d’un site. La création de sentiers et de pistes, la pratique de l’écobuage, l’exploitation forestière, la présence de lignes électriques, les chasses en battue (février et mars), les sports de plein air (parapente, etc.), le survol d'hélicoptère sont autant de nuisances susceptibles d’affecter gravement la reproduction de ce rapace en perturbant la quiétude des lieux de reproduction [1 ; 5]. Localement, il existe des risques d’empoisonnement, notamment dans les Alpes, voire dans les Pyrénées, où des vautours moines provenant d’Espagne sont de plus en plus souvent observés. Enfin, la gestion des carcasses d’origine domestique (ovins en particulier), est régulièrement soumise à des modifications réglementaires d’ordre sanitaire, ce qui peut compromettre l’accès à cette ressource.
Dans les Grands causses
La première reproduction de Vautours moines dans les Grands Causses s’est déroulée en 1996 dans les gorges de la Jonte. Au fur et à mesure que s’opéraient les lâchers (jusqu’en 2004) et que les premiers jeunes nés en nature arrivaient, de nouveaux couples se formaient régulièrement chaque année. Ensuite, la vallée du Tarn, entre le Rozier et Millau voyait sa première reproduction en 1998. L’année suivante, le premier couple nichait dans les gorges du Tarn. Ce site est d’ailleurs toujours occupé actuellement. Enfin, il fallait attendre l’année 2007 pour que le premier nid en Dourbie soit découvert (dans un pin noir), sans que l’on sache si le couple s’était reproduit cette année-là. En 2010, 18 couples reproducteurs étaient présents dans les Causses et menaient 12 jeunes à l’envol. Huit couples nichaient dans la vallée du Tarn entre le Rozier et Millau, 7 dans les gorges de la Jonte, 2 dans les gorges du Tarn et un en Dourbie. Tous les ans, les jeunes qui naissent en nature sont bagués au nid. Si l’on compare avec le Vautour fauve, cette plus lente évolution est liée à plusieurs facteurs. Beaucoup de vautours fauves étaient adultes au moment des lâchers alors que 50 % des vautours moines lâchés étaient des juvéniles nés en parc animalier, les autres, des oiseaux âgés de 1 à 3 ans, donc encore immatures, récupérés affaiblis en Espagne. Cette différence a forcément occasionné un retard par rapport aux premières tentatives de reproduction pour cette espèce alors que les fauves se reproduisaient dès la première année de réintroduction. De plus, de par son mode de nidification dans les pentes boisées, ce vautour est également plus facilement dérangeable. Plusieurs cas de dérangement liés à de la chasse photographiques sont connus. Les conditions météo peuvent nuire à cette espèce arboricole, comme les épisodes neigeux de printemps…
• Baguage des vautours moines : Pour les vautours moines, l’opération de baguage ne se présente pas comme celle du Vautour fauve. Nichant dans les arbres, cette espèce fait un nid énorme au sommet des pins sylvestres. L’accès repéré, il faut alors atteindre le pied de l’arbre. Soit des branches sont accessibles facilement, alors la montée ne pose pas de problème, soit le tronc est lisse sur plusieurs mètres ! Dans ce cas, il faut jeter une cordelette par-dessus les premières branches et ensuite, faire passer une corde en double. Amarrée en bas sur un autre arbre, la montée sur un brin peut commencer, le tout assuré par une corde afin de continuer jusqu’à l’aire. Sous le nid, les choses se compliquent...
• Antenne Verdon : Les vautours fauves et moines sont des oiseaux nécrophages qui jouent leur rôle d’équarrisseurs naturels en éliminant les cadavres d’ongulés dans les alpages. Leur présence est fortement liée à l’Homme et au pastoralisme (quelques rares colonies en Europe vivent en autosuffisance avec des populations d’ongulés sauvages). Le charnier et les volières sont approvisionnés par des carcasses d’ovins et de caprins (pertes d’élevage) collectées dans le conteneur réfrigéré situé sur la commune de Saint-André-les-Alpes, et directement chez certains éleveurs. Depuis 1999, près de 238 tonnes de cadavres d’ovins ont été éliminés par l’équarrissage en les mettant à disposition des vautours.
Statut de protection
Les principales menaces pour le vautour moine sont la dégradation voire la perte de son habitat et les perturbations humaines, notamment au niveau des sites de nidification. L'exploitation forestière notamment peut, simplement par la création de chemins ou de clairières, provoquer des perturbations suffisantes pour que la saison de reproduction soit un échec. C'est une espèce qui peut facilement être blessée ou tuée par des collisions avec des lignes à haute tension. Le développement des parcs éoliens sont eux aussi une menace pour l'espèce. Comme tous les vautours, il peut aussi être victime de saturnisme aviaire indirect ; après avoir mangé des animaux morts des suites de blessures par plomb de chasse toxique. L'offre de cadavres de moutons (morts dans les exploitations locales), disposés dans des "charniers" spéciaux (clôturés et répondant à des conditions fixées par un arrêté préfectoral) est un des moyens de limiter le contact avec la grenaille de plomb de chasse.